Cette pièce tordante d’absurdités est l’une des plus comiques de Jean-Claude Grumberg, cependant elle finit de façon émouvante. Cet «auteur tragique le plus drôle de sa génération », selon Claude Roy, est couvert de prix, dont un Molière et même un César.
Si il y a une question qui nous concerne tous, c'est bien ce que va devenir notre maman avec l'âge. Le personnage central de cette comédie burlesque est une femme qui perd la mémoire quand bon lui semble, agresse les autres à coup de parapluie s’ils viennent la contrarier, se fiche de tout et n'en fait qu'à sa tête. Elle désarme ainsi tout son entourage, y compris son fils, pourtant aimant, face à la dégénérescence de sa maman à laquelle nous nous attachons, tant elle est rigolote, entêtée dans ses convictions, n'en déplaise à tous !
Est-elle en permanence dans cet oubli ou joue-t-elle l'absence pour fuir le quotidien ? La maladie l'atteint-elle en tout temps ou ment-elle pour tromper l'ennui, nul ne le sait. Mais un soir d'hiver, elle s'enfuira mourir dans un ruisseau pour retrouver sa maman à elle, tombée un jour quelque part, en fuyant le régime nazi. De cela, elle s'en souvient très bien.
Par le prisme de la perte de mémoire individuelle, c’est bien le danger de la perte de mémoire de notre Histoire collective que Grumberg convoque avec ce texte. En cette période où les « oublieux » sont en passe de devenir les grands oubliés de notre société, cette pièce rejoint la raison d’être du théâtre : mettre des mots sur ce que trop souvent l’on tait.
Le metteur en scène Antony Mettler a réalisé le spectacle Cochons d’Inde de Sébastien Thiéry qui était à l’affiche de l’Alchimic en 2015.