danse
Savoir que ses idées lui viennent souvent dans le demi-sommeil, et qu’il a passé une grande partie de son enfance à siffler. Voir alors que la dernière pièce de Boris Charmatz, Somnole, est un solo hiberné : une confiance faite au siffleur qui se souvient de mélodies entendues jadis à la radio.
Coproduction Pavillon ADC
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Boris Charmatz n’a pratiquement pas écrit de soli. A peine un solo bicéphale avec Dimitri Chamblas, appelé Les Disparates. Ses pièces sont le plus souvent peuplées et débordantes, de vastes mécaniques dansées. Avec Somnole, il cherche au contraire un territoire qui vient de la solitude et du rêve, de l’ensommeillement. Il a commencé tout doucement en studio, en sifflotant une ligne monotonale, découvrant toutes les richesses du principe qui consiste à danser en sifflant : jonction de l’intime et de l’expression, lien soufflé entre des états intérieurs et des dynamiques de corps. Charmatz : « Dans ma vie, j’ai l’impression d’avoir presque autant sifflé que dansé – sauf que siffler appartient à un temps solitaire, non public. Le sifflet est comme une opération de conversion ; il convertit le grand en ténu. Un air d’Opéra de Haendel est réduit à presque rien – son squelette, sa mélodie. C’est comme de craquer une allumette : il y a la lumière, la chaleur, mais c’est peu, ça s’éteint vite. » Solo somnolent, lent ; solo hiberné, passif ; solo emmené par le presque rien d’un souffle qui rappelle à lui les mélodies de l’enfance, de la radio.