La décadanse

LEPORELLOS Regards, bestioles et poésie de Danielle Rudaz

Ma passion pour le format tout en longitude des leporellos me vient d’un atelier suivi chez le peintre Gilbert Mazliah, il y a déjà longtemps. Depuis ce temps, je n’ai cessé d’en réaliser, comme lorsqu’on rédige son journal, de loin en loin, avec nonchalance ou de proche en proche, intensément.
Ce format multiple a le bonheur de pouvoir être regardé à plat ou être feuilleté comme un livre. Il peut aussi être dressé contre un mur comme un dazibao. Et surtout, surtout il peut se tenir debout sur ses tranches de queue et devenir volume dans l’espace grâce aux pliures qui le construisent. Et puis, son autre nom est « carnet accordéon ». Que la musique est belle !
Mais il est souvent fragile ; plier et déplier l’objet est pour lui une épreuve, sa résilience a des limites et il n’est pas fait pour s’abriter derrière la vitre d’un cadre.
Pour moi, travailler avec un leporello, c’est cheminer dans l’imprévisible, entrer dans un monde de découvertes, de surprises, de merveilleux, d’attente, de recommencements qui s’éprouvent de pas en pas, de page en page. Une sorte de balade de traverse vers l’inconnu de la page suivante. Je commence avec un trait, une tache, un collage et quelque chose se passe, s’impose qui se poursuit de pliure en pliure. Bien-sûr cette spontanéité requiert aussi un peu de fignolage, de reprise -dans tous les sens du terme-, d’affinage, comme on le dit d’un bon fromage. C’est ce tango voluptueux entre le jeté et le pensé qui fait toute la beauté et la succulence du leporello.
Et que chacune, chacun puisse se raconter des histoires, s’inventer des mondes en dévidant ce qui pour moi est un objet de désir.
Danielle Rudaz
18:00 – 20:30
Vernissage
entrée libre
Signaler une erreur Ajouté par philippe reymondin le 23 mars 2022