Le Centre d’Art Contemporain Genève est heureux de présenter "MATERIAL GIRL/ ALL THAT YOU TOUCH", une exposition personnelle de l’artiste Brésilienne Jota Mombaça qui propose un parcours non linéaire au sein de sa pratique pluridisciplinaire, en soulignant notamment le lien conceptuel/formel dans les premières œuvres de l’artiste – au centre desquelles se trouvent le corps, le geste et les mots parlés et écrits – et l’évolution de ce lien dans ses itérations les plus récentes.
La pratique artistique de Jota Mombaça, qui est fondée sur l’écriture ainsi que la performance, se nourrit de théories critiques. Son approche engagée accorde une importance particulière aux études de genre et post-coloniales.
Son travail aborde des questions liées à l’enchevêtrement des corps humains et élémentaires dans une pensée qui extrapole les frontières de l’ethnicité, du genre et de la sexualité, proposant ainsi une nouvelle façon d’habiter les positions incarnées. Cette idée d’enchevêtrement, comme le révèle l’exposition, est une méthode de travail autant qu’un principe de monstration : des gestes et des textes distillés dans les premières œuvres sont présentés sous une forme remixée telle que la composition immersive d’écritures murales.
La pensée de la philosophe Denise Ferreira da Silva, en particulier sa notion de re/dé/composition, guide également cette restructuration permanente de l’œuvre de Mombaça. En s’inscrivant dans le cadre du néo-matérialisme, Da Silva oppose aux hypothèses ordonnées de la domination coloniale – la séparabilité, le déterminisme et la séquentialité résultant de l’identité, de la nation, de l’ethnicité et du genre – la vision d’un monde animé par la pensée positionnelle, fractale et « poéthique » de la futurité noire, dont il résulte une composition contingente, indéterminée et complexe de singularités entrelacées.
Le titre de cette exposition, qui est également celui de la première monographie de l’artiste, s’appuie sur cette perspective. Selon Jota Mombaça, ce titre « indique une trajectoire de pensée et de geste plus que subjective, proprement contextuelle et climatique, dans laquelle différentes expressions de matérialité et de transformation présentent non seulement un point de vue personnel mais les conditions mêmes de son émergence ».
Cette exposition est une proposition d’Andrea Bellini.