Vous ne verrez pas le personnage principal de ce spectacle. Aux commandes: le son. Grand démiurge invisible, il impulse l’ensemble des phénomènes scéniques sans pour autant se dévoiler. Ici, scénographie, lumière, matières et corps sont composés, sculptés, chorégraphiés par des influx sonores, dont le spectre oscille du bruit brut à l’harmonie musicale.
Sous les vagues des fréquences émises par un monumental sound-system, apparaissent et mutent de subtils paysages, avec une puissance visuelle qui active notre perception en profondeur. Cet immense totem de haut-parleurs nous parle comme une bouche géante un langage universel, dénué de genre, d’identité ou de culture définis. Se reconnecter avec notre capacité d’écoute conduit à d’insoupçonnables voyages sensitifs, au-delà des frontières matérielles de l’architecture visible, ouvrant des espaces sensoriels sans limites. Surgissent des images mentales complexes, comme si notre esprit reprenait son souffle, après l’intensif matraquage visuel qui asphyxie notre imagination. Sous forme de manifestes artistiques, les œuvres immersives du duo EL conde de Torrefiel, formé par la suissesse Tanya Beyeler et l’espagnol Pablo Gisbert, luttent poétiquement contre les nouvelles formes de totalitarisme et l’aliénation intellectuelle ambiante en questionnant l’impact de nos engagements, responsabilités et libertés individuelles.
Une co-réalisation dans le cadre du Festival Antigel