Avec la pièce de groupe Sane Satan, Teresa Vittucci poursuit son odyssée blasphématoire en proposant une version ludique du récit du mal. Après avoir performé les figures revisitées de Marie et Ève, l’artiste s’intéresse au bad boy de la Bible pour le dernier volet de sa trilogie In praise of vulnerability. À travers le prisme d’une relecture queer, elle érige Satan en mascotte des outsiders. Lucifer réhabilité en libérateur féministe de la tyrannie de Dieu le Père, défie la théocratie misogyne. Le diable associe ici son haut potentiel transformiste aux attributs de la bimbo, créature diabolique par excellence, moulée dans le mauvais goût, les artifices, la vulgarité et le rose bonbon. En se réappropriant avec humour et sacrilège le droit de disposer librement de son corps, de le modifier, de le transformer, et de l’exhiber comme un joujou en plastique, la bimbo fait éclater les carcans avec la légèreté d’une bulle de savon. Avec talons mais sans tabous, Sane Satan ose en toute impiété et sans pitié détourner le sacré de son droit chemin.