Dans un studio de 16 mètres carrés, «Elle» trompe l’ennui avec fantaisie ; elle danse, chante, boit, mange, joue avec une inconvenance débridée que seule sa solitude lui offre. La banalité du quotidien, lorsqu’on l’investit sans barrière morale, recèle plein de plaisirs coupables, égoïstes et tellement jouissifs. Comment être simplement heureuse, un peu chaque jour? En laissant les émotions et les pulsions nous traverser librement? Aire de jeu impudique, la chambre de la jeune femme devient une grande entreprise d’auto-divertissement jusqu’à ce qu’un inconnu s’introduise chez elle. La présence intrusive du visiteur met fin à la douce folie qui imprégnait les lieux. Le solo devient duo. Avec L’Autre, arrive l’obligation de canalisation du comportement. Folie et fantaisie s’étiolent. Lorsque le regard sur soi prend le dessus, la spontanéité brute se fait vampiriser par la volonté de plaire. En transitant de la solitude à la cohabitation, Ainsi soit-Elle révèle la proximité d’émotions pourtant opposées: liberté versus contrôle, insouciance versus anxiété, joie versus rage. Ainsi soit-elle: tendre et kamikaze.