La Calabre. Dans cette région à l'extrême sud de l'Italie, les villages dominent les hauteurs comme des vigies regardant la mer. Un paysage bucolique et intemporel dont la beauté n'aura pas suffi à retenir ses habitants, appelés dès la fin du 19e siècle vers des destinées qu'ils espéraient plus prospères. Le village de Riace a longtemps gardé les traces de cette forte émigration vers les villes du Nord et les pays riches ; les maisons en ruine et les terres abandonnées dessinaient le paysage de ce village moribond. Un jour de l'été 1998, un bateau avec deux cent kurdes échoue sur la plage : l'histoire du village échappe alors définitivement à la fatalité. Riace, cette terre que l'on voulait autrefois quitter attire désormais d'autres exils, d'autres hommes venus de terres lointaines et inhospitalières. Impulsé par un jeune Riacese, Domenico Lucano, devenu maire depuis, un projet d'accueil des migrants y est développé : les maisons sont restaurées, l'école réouvre, les petits commerces réapparaissent. Le village renaît. Malgré la mafia et la pauvreté, les habitants, originaires d'ici ou d'ailleurs y vivent en paix. Un Paese di Calabria raconte cela : une histoire d'odyssée, d'émigration et d'immigration, d'un présent à la croisée des temps. Une utopie à l'échelle locale, singulière, pragmatique et imparfaite mais profondément humaniste.