texte_Franz Xaver Kroetz
traduction, adaptation_Ruth Henry & Robert Valançay
mise en scène_Maya Bösch
jeu_Barbara Baker, Jeanne De Mont
Chez elle, dans une chambre en sous-location au parfum de catalogue de vente, meublée avec efficacité, Mademoiselle Rasch se livre à diverses tâches et activités domestiques avec beaucoup de soin et une attention particulière à l’ordre et la propreté. Elle range les provisions, fait couler l’eau du lavabo qui ne débite que de l’eau froide, allume le réchaud à gaz pour faire chauffer l’eau, nettoie le lavabo, allume le téléviseur puis l’éteint, mange, va aux toilettes, se lave les mains, fume une cigarette… Une émission radiophonique qui diffuse des chansons en vogue et des airs d’opéra lui tient compagnie. Après son frichti, elle se consacre avec assiduité à la confection d’un tapis à points noués. Bien que son intérêt pour l’activité diminue, elle termine le tapis. Après avoir consciencieusement préparé la table pour son petit-déjeuner du lendemain et choisi son tailleur, Mademoiselle Rasch se couche puis se relève et termine un tube de comprimés.
Une pièce qui ne dit rien, dans laquelle on ne dit rien. Une femme qui ne fait pas beaucoup plus que rentrer et se mettre au lit… Toute l’acribie de Franz Xaver Kroetz pour décrire l’infime douleur sert à lancer un défi révolutionnaire à la scène : une vraie pièce sans un mot soufflé. Défi relevé par Maya Bösch, qui déploie cette didascalie de quarante pages pour en faire une composition dissociée, contrastée et sensuelle. Un théâtre de banalités et de quotidiens. Troublant.
Intégrale (ou presque)