En partenariat avec l’association Djelbana, le Centre de la photographie Genève présente l’exposition de photographie contemporaine algérienne Mélodies pour l’indicible au parc des Bastions, à Genève, avec les travaux de Celia Bougdal, Safia Delta, Yanis Kafiz et Ahmed Merzagui.
La photographie et la colonisation de l’Algérie ont une histoire parallèle. Les premiers clichés réalisés en Algérie le sont par des Européens souvent envoûtés par l’Orient. Leurs images sont peuplées d’oasis et de paysages idylliques, de ruines antiques, et d’habitants stéréotypés rendus exotiques et fascinants. Ces images, qui circulent encore aujourd’hui, renforcent les fantasmes de l’Orient, après avoir soutenu le projet colonial. La guerre d’indépendance algérienne qui débute en 1954 et à laquelle mettent fin les accords d’Évian en 1962 est un moment important de l’histoire visuelle de l’Algérie. Cette guerre de décolonisation est aussi une guerre d’images : les deux camps et leurs journaux mobilisent des photographes et font circuler leurs instantanés du conflit. Alors que la production photographique française domine largement, à l’époque et aujourd’hui, c’est dans ce contexte que la photographie et le cinéma algériens commencent à émerger pour se construire peu à peu pendant les décennies qui suivent.
Les soixante ans des accords d’Évian, signés le 18 mars 1962, sont une opportunité de se pencher sur cette histoire visuelle et son héritage. Ces négociations, dans lesquelles la Suisse a joué un rôle considérable et relativement peu mis en avant, ont permis la fin du conflit, et mené à l’indépendance de l’Algérie. Aujourd’hui, elles représentent aussi un moment où le dialogue autour de la mémoire et la réconciliation des mémoires est devenu essentiel. Alors que l’histoire de cette période reste très contestée et traversée d’enjeux de pouvoir, l’événement mis sur pied par Djelbana La Suisse et les accords d’Évian : d’une rive à l’autre, 60 ans après, dont cette exposition fait partie, entend aussi favoriser les échanges sur ces mémoires plurielles et parfois conflictuelles.
Dans ce contexte, l’exposition met en avant quatre artistes de la scène photographique algérienne, ou issue de sa diaspora, qui se caractérise aujourd’hui par son dynamisme et sa pluralité. Ces auteurs se saisissent de l’image pour exprimer leur histoire et leur héritage, tout comme leur identité, leur expérience et leur vision singulière du monde. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette exposition présente quatre regards contemporains, forts et singuliers, au travers desquels apparaissent en filigrane ces questions d’identité et de mémoire façonnées par l’histoire.
L’exposition fait partie de l’événement organisé par l’association Djelbana à Lausanne et à Genève sur le thème La Suisse et les accords d’Évian : d’une rive à l’autre, 60 ans après. Il comprend un colloque les 19 et 20 mars 2022, organisé par l’association Djelbana en collaboration avec le Global Studies Institute (GSI) de l’Université de Genève (UNIGE), et l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de l’Université de Lausanne, accompagné par une programmation culturelle (concerts, films et cette exposition).
L’exposition est organisée par Djelbana en partenariat avec le Centre de la photographie Genève et la Ville de Genève, et avec le soutien de la Loterie romande. Elle est commissariée par le photographe algérien Abdo Shanan et la directrice du Centre de la photographie Genève Danaé Panchaud. Le design de l’exposition est réalisé par Balmer Hählen.