Je suis née en Finlande, ce qui a beaucoup modelé mes goûts. Sous les latitudes boréales, l’espace appartenait aux enfants. L’école ne commençait qu’à 7 ans, nous avions du temps pour apprivoiser l’environnement, d’explorer ses moindres recoins. J’étais assez timide et sauvage, et je partais souvent seule à la
découverte. Une de mes tantes m’avait initiée à 3 ans, alors qu’elle faisait ses études de biologie. Je voulais, moi aussi, tout savoir des plantes, des roches, des lacs et des rivières. Etre capable de ramener un bonnet rempli de chanterelles, savoir où était la meilleure plage pour une petite baignade, quand on ne sait pas bien nager. Je crois que mes dessins imaginaires à l’encre sont en lien avec ce monde là. Je crée des espaces à moi, des coins et des recoins, où mon esprit peut s’évader, être tranquille, flâner. Une certaine consistance de gris, comme un nuage ou un lichen, pour se reposer. Ou construire des nids… pas pour des oisillons, juste pour moi. Dans ces espaces crées par quelques traits d’encre et un peu d’eau, il y a des forets, des bambouseraies, des montagnes et des cascades. Ou juste des formes. Des espaces, afin que je m’y glisse. L’autre monde est si proche.
Heidi Kailasvuori, avril 2022