Rédigée de début mai à septembre 1933, cinq mois après l’arrivée de Hitler au pouvoir, Troisième nuit de Walpurgis analyse l’installation du nazisme dans les esprits.
Le monstre est né en 1933, la morale a sombré et avec elle le langage, les sorcières sont réunies pour vénérer Satan comme le veut la nuit de Walpurgis, fête annuelle du 31 avril. Pour mieux dénoncer cette nuit sans fin dans laquelle se noie l’Allemagne, Karl Kraus fait appel à̀ Shakespeare et au Faust de Goethe, se réclame d’un héritage éclairant, tache de renoncer aux expressions toutes faites que le régime a déjà salies. Équivoque face à ce foisonnement littéraire qui alterne récit et réflexion philosophique, José Lillo exploite toutes les possibilités d’incarnation que lui offre le monologue. Il joue avec humour la grandiloquence institutionnelle, se laisse traverser par l’urgence de celui qui accuse, s’éteint devant l’ampleur du désastre, sait encore arracher un rire au cœur du chaos.
Traduction : Pierre Deshusses (éditions Agone)
Adaptation, mise en scène et jeu : José Lillo
Production Attila Entertainment, Théâtre Saint-Gervais, Espace autogéré.