L’Arctique, ici, pue la mort. En résidence à Qaanaaq, localité la plus septentrionale du Groenland, Anastasia Mityukova mesure la distance qui sépare l’imaginaire du cercle polaire de sa réalité. Depuis plusieurs années, elle étudie, déconstruit et confronte au réel la culture visuelle occidentale du pôle Nord. Façonnée par d’innombrables films documentaires, livres illustrés ou reportages photographiques, elle repose sur des explorateurs acclamés en héros, une faune devenue un symbole générique du réchauffement climatique, ou des paysages immaculés. Elle fait la part belle à des fantasmes de pureté, d’aventure, d’exotisme et d’authenticité, occultant des réalités plus complexes : des intérêts géopolitiques de tous bords, une histoire coloniale peu débattue comme telle, ou une certaine ambivalence face aux changements climatiques. L’artiste se saisit de ces contradictions pour apporter nuance et complexité à ces représentations, et souligner à quel point notre regard est construit et modelé.