La décadanse

NOUS ÉTIONS JEUNES de Binka Jeliazkova

Spoutnik

NOUS ÉTIONS JEUNES (A Byahme Mladi), Binka Jeliazkova, Bulgarie, 1961, 110′, vo sous-titré français

Des jeunes gens ordinaires, qui appartiennent à la ligue de la jeunesse ouvrière, organisent un commando de résistants contre les forces nazies. Alors que les préparatifs d’un attentat se précisent, Veska, qui vient d’intégrer le groupe, et Dimo s’attirent mutuellement. Mais l’étau se resserre autour de leur groupe. Comment protéger son innocence et sa capacité d’aimer dans une situation où chaque instant, chaque geste, chaque regard peut vous perdre ?

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Le mois passé, on s’est vu découvrir le cinéma de Binka Jeliazkova. Ce nom, il ne nous évoquait rien jusque-là. Mais l’actualité veut que son nom resurgisse maintenant. Alors, simplement, on prend la balle au rebond. Il y a sans doute là quelque chose à interroger, quand on sait que la cinéaste a subi toutes les censures possibles. Son cinéma est ainsi resté invisible pendant plus de quarante ans. Puis, un festival, un distributeur, quelques articles, quelques salles de cinéma et là voilà réhabilitée en quelques semaines. On se demande donc de quoi est faite cette redécouverte? Est-ce que ce sont des considérations politiques, économiques, cinéphiliques ou historiques qui rendent cela possible ? Ces questions, on se les pose très régulièrement sans très bien savoir quoi faire avec. En attendant d’y répondre ou non, on a choisi d’avancer malgré tout avec les films de Binka Jeliazkova et de vous les montrer, car on les trouve magnifiques.

Binka est bulgare, née en 1923. Lycéenne, elle prend part à la résistance antifasciste auprès de la Ligue de la jeunesse ouvrière. C’est par et avec cette expérience de lutte collective qu’elle fabrique ses premiers films. Ainsi, NOUS ÉTIONS JEUNES (1961) dans lequel un groupuscule de jeunes résistant.e.s durant la seconde guerre mondiale organise un attentat contre l’occupant nazi. Ce qui intéresse Binka, c’est ce qui précède et succède le passage à l’acte. Quel type de lien entre nous faut-il pour y arriver? Quels affects mettre en jeu? Comment se faire ou nous faire confiance? La cinéaste semble nous dire que la lutte c’est d’abord une histoire de relations humaines et c’est cela que le film sonde en profondeur.
Quelques années plus tard, elle réalise LE BALLON ATTACHÉ (1967) et campe cette fois-ci sa caméra du côté de la province et de ses paysans et paysannes. On y trouve certains traits grotesques et bordéliques propres aux fables paysannes: merveilleux chaos de visages burinés, de hurlements, d’insultes, de danses et d’animaux qui parlent. Dans le ciel de leur village, un immense ballon vient perturber le déroulement de leur vie. À partir de là, le film devient l’observatoire critique d’une humanité corrompue, rongée par l’argent et simplement incapable de composer avec cette nouvelle présence.
19:00 – 21:00
Prix Spoutnik
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 26 avril 2023