Après l’immense succès de Via Kanana, les danseurs de Via Katlehong ont souhaité confier leur prochaine création à deux talents européens : Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira.
Les interprètes sud-africains de Via Katlehong mènent une équipée virevoltante. Hardie et généreuse, politique et engagée, leur danse, qui combine la pantsula, la tap dance, le step et le gumboot, est impressionnante de virtuosité. Via Injabulo est d’abord une rencontre pleine d’espoir et d’énergie. C’est aussi l’expression d’une jeunesse post-apartheid, à la fois exaltée, vibrante et en colère, qui libère les mémoires douloureuses pour rêver d’un avenir meilleur.
VIA KATLEHONG
Créée en 1992, la compagnie Via Katlehong Dance, menée par Buru Mohlabane, Vusi Mdoyi et Steven Faleni, tire son nom du township de Katlehong dans l’East Rand, un de ces quartiers déshérités où est née la culture contestataire pantsula. Nourrie d’une forte identité communautaire, Via Katlehong Dance poursuit une mission éducative, culturelle et sociale à l’attention des jeunes d’Afrique du Sud. La compagnie a été plusieurs fois récompensée par des prix internationaux (FNB Vita Dance Umbrella, Gauteng Dance Showcase, KTV Most Brilliant Achievement, Gauteng MECDevelopment Award, etc.) pour ses créations mélangeant de façon inédite les traditions pantsula et d’autres danses communautaires d’Afrique du Sud, comme le gumboots et le steps. Dans tous ses spectacles, la compagnie Via Katlehong Dance défend la culture pantsula dont elle est issue. Dans les années 60-70, sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, les populations rurales noires sont déplacées vers les grandes villes et regroupées dans les townships. C’est dans ces ghettos, où règnent chômage et criminalité, que va naître la culture pantsula, à laquelle s’identifie toute la jeunesse des townships. Comme le hip-hop aux Etats-Unis et en Europe, la culture pantsula est un style de vie, recouvrant mode, musique, danse, codes gestuels et parler. Et comme le hip-hop, elle trouve son terrain d’expression dans la rue. Dans les années 1990, alors qu’une Afrique du Sud multiraciale se met lentement en place, la compagnie Via Katlehong Dance poursuit le combat protestataire en faveur des jeunes des quartiers pauvres à travers ses spectacles et performances qui combinent la danse pantsula, sorte de hip-hop non-acrobatique mais virtuose par sa rapidité, la tap dance (claquettes percussives avec des chaussures ferrées), le step (claquettes proches du time step américain) et le gumboot, une danse de mineurs à base de frappes des mains sur les cuisses et les mollets. Ces danses sont exécutées ensemble dans une énergie et un rythme communs. En criant, en sifflant, en frappant des pieds et des mains, l’assistance participe à cette fête bourrée de dynamisme et de fureur de vivre.