Un soir, Amélie Rabilloud fracasse le crâne de son mari avec un marteau. Elle démembre le cadavre et en jette chaque nuit un morceau du haut d’un viaduc dans des trains de marchandise. Marguerite Duras s’inspire de ce fait divers pour écrire L’Amante anglaise. Sous sa plume, la fiction tord le réel. Chez Duras, Claire Lannes assassine la cousine sourde et muette qui vit avec elle et son mari. Le couple englué dans un quotidien austère se flétrit de manière irréversible. Entre les quatre murs d’une maison trop propre, la présence sourde de l’autre devient insupportable et interroge la possibilité de meurtre en nous. Qui n’a jamais tué en pensée? Pourquoi Claire Lannes assassine-t-elle sa cousine plutôt que son mari encombrant? Un interrogateur tente de comprendre ce crime surprenant de brutalité. De sa confrontation, avec la suspecte naît une parole elliptique qui agit avec une précision presque clinique. Servie par une distribution exceptionnelle réunissant Nicolas Bouchaud, Laurent Poitreneaux et Dominique Reymond, la mise en scène d’Émilie Charriot saute dans le vide, laissant le champ libre à la sauvagerie, au mystère et à l’intime.