«De la scène où je suis, je regarde mon public: il faut que leurs pleurs, leurs regards étonnés, leur terreur même répondent à mes paroles» confie l’éminent rhapsode Platon à Socrate. Cette conception du rapport acteur-spectateur résonne avec la frontalité d’Elsewhere Rhapsody, spectacle qui met le désir au centre. Des motifs antiques d’art érotique, revisités à travers le prisme queer, sont investis par les interprètes qui construisent à vue un ailleurs, au cœur d’un paysage au charme effrité. Le mécanisme du désir, insatiable, se répète, à l’infini. Promesses et échecs se succèdent depuis la nuit des temps et pour l’éternité. Faut-il continuer? Ou abandonner? Jen Rosenblit et ses acolytes impressionnent par leur charisme, leurs silhouettes, l’énergie singulière qu’ils dégagent. À travers l’architecture, la chair, la philosophie et la picturalité, la communauté scénique tente de faire corps au milieu d’espaces impossibles, en y déployant leur aura collective.