après l’exposition, reliefs en juin 2021, la galerie mora mora à carouge présente pour la deuxième fois, du 29 août au 21 septembre 2024, la sculptrice vera jud pour son exposition à pierres nues.
on retrouvera avec bonheur, le dialogue que l’artiste avait entamé avec la pierre. un échange qui, au fil du temps, s’est encore affiné, devenant murmure puis chuchotement tant la pierre - marbre ou stéatite - semble offrir à l’artiste sa veine la plus tendre.
l’exposition présente une nouvelle série de corps enlacés, délassés, souples créant l’impression qu’une tectonique propre les habite. les corps semblent dégagés du temps, de l’apesanteur et de toute portée normative. pour parvenir à autant de fluidité, rien n’a été laissé au hasard, rien n’a été négligé, avec patience, chaque jour un peu plus, l’artiste retrouve la pierre compacte, ferme et solide. il faut de longues heures pour retrouver les inclusions d'oxydes métalliques ou celles de calcaire avant de parvenir au poli voulu. au final, c’est la pierre resplendissante qui nous est offerte.
c’est tout une cosmogonie que chacune des créations proposées par la sculptrice avance avec une familiarité certaine avec les forces du monde minéral, végétal, animal et stellaire. les sculptures sont de petite taille (entre 15 cm et 30cm) à portée de main donnant une impression immédiate, physique et tactile. ce que matisse affirmait à propos de la danse, vera jud pourrait le dire aujourd’hui des corps qu’elle extirpe de la pierre : ces corps, je les ai en moi depuis si longtemps.
c’est au gré des visites de musées et de galeries, de lecture de revues d’art et d’archéologie que la sculptrice trouve son inspiration. sans pour autant imiter la figurine déesse du néolithique, la peinture de marie laurencin, celle de suzanne valadon ou un bas-relief égyptien ou encore un dessin d’hans arp, vera jud prend à elle, dans chacun de ces nouveaux vocabulaires, quelques traits pour établir sa propre composition.
avant même la fin de son travail pour l’exposition à pierres nues, depuis quelques mois, l’artiste affirme déjà qu’avec cette exposition s’achève un cycle, aussi c’est avec impatience, qu’on se demande quelle direction prendra ses prochaines créations…
@hel