Début années '80. Jennifer est un femminiello qui vit à Naples dans un quartier populaire de périphérie récemment sorti de terre.
Enfermée chez elle dans l’attente de l’appel de Franco, avec qui elle a passé une nuit il y a trois mois et à qui elle continue de vouer un véritable culte, elle lui dédie chaque jour la chanson de Patty Pravo "Se perdessi te" à la radio.
Entre deux chansons, les infos transmettent avec une régularité implacable la mise à jour du bilan des victimes du tueur en série qui exécute les travestis du quartier dans un immuable rituel macabre.
Figure emblématique de la culture napolitaine, le femminiello est un personnage ancestral à qui on attribue des qualités de porte-bonheur et qui n’a pas d’équivalent ailleurs qu’à Naples. Le femminiello est un homme qui se définit lui-même en ces termes : « J’ai toujours été une femme. ».
Malgré la grande légèreté et l'humour que Jennifer semble afficher jusqu’au bout, le texte raconte avec force, la condition du paria, le désespoir lancinant de celui ou celle qui doit se cacher de lui-même pour vivre et être accepté par autrui.