Bien plus qu’une simple critique de la guerre, dans ce premier roman paru en 1932, c’est à l’égard de l’humanité entière que Céline exprime sa perplexité et son mépris : braves ou lâches, colonisateurs ou colonisés, Blancs ou Noirs, Américains ou Européens, pauvres ou riches. Si l’œuvre fit scandale à sa sortie, Voyage au bout de la nuit reste peut-être le plus grand roman de la littérature française.
« Il est difficile de traduire l’horreur de la guerre en mots », disait le directeur général du CICR, Pierre Krähenbühl, à Genève, au printemps dernier. Céline l’a fait. Et il l’a fait comme personne.
Chercher à faire résonner aujourd’hui ces mots, cette langue, celle de Céline, celle du Voyage, celle de sa guerre, de son pacifisme acharné. Le faire maintenant. C’est ce qui m’a semblé nécessaire. Évident.
Partager la fascination qu’exerce sur moi, comme chez beaucoup de ses lecteurs, cette langue unique, puissante, charnelle.
Avec des mots qui rendent leur humanité, leur violence, leur horreur… et leur vie à des récits de guerre vidés de leur sens par leur répétition quotidienne. Par l’habitude.
Felipe Castro