texte Thomas Köck
traduction Mathieu Bertholet
mise en scène Patric Bachmann & Olivier Keller
jeu Raphaël Archinard, Léonard Bertholet, Pierre-Isaïe Duc
// LA NATURE NE CRIE PAS //
La solastalgie est le nom de la douleur ressentie lorsque l’on saisit que l’espace dans lequel on vit, le lieu que l’on aime est menacé de disparaître – lentement et pour toujours. Décrit en 2005 par le philosophe de la nature australien Glenn Albrecht, le mot // solastalgie // commence à résonner sur tous les écrans de nos futurs déchets électroniques.
En période de changement climatique, d’augmentation des extrêmes météorologiques, d’extraction incontrôlée de matières premières et d’extinction des espèces, la solastalgie est un sentiment qui se répand. La forêt est le lieu où Thomas Köck fait bourgeonner la parole. Un ancien forestier marche à ses côtés. Les abatteuses de troncs laissent des traces dans la boue. Une tentative de suicide dessine un paysage de cicatrices. Les bostryches rongent les ramures. Le silence des oiseaux et des racines fait écho aux mots qui ne peuvent plus décrire une nature qui part. La forêt n’est plus qu’une zone de services de détente écologique, où tout ce qui craque, soupire ou n’est plus exploitable est éliminé. Thomas Köck superpose les récits, suit les traces des déchiqueteuses à bois sur les collines, les empreintes du feu dans la chair. L’exploitation a laissé ses traces partout // We are fucked comme jamais //. Car comment faire le deuil de ce monde que nous voyons disparaître devant nos yeux ?
Thomas Köck est l’auteur de la Trilogie du climat : submerger le paradis / affamer le paradis / jouer le paradis, pièces monumentales des cinq dernières années en germanophonie, qui ont fait de ce jeune auteur une voix urgente de l’écriture dramatique. Pour cette première création en français, Olivier Keller et Patric Bachmann, duo fraternel suisse-allemand passe la barrière humide de la Sarine pour nous faire entendre une langue chorale et prophétique, concrète et intime.