Des mots comme des armes
Pour Giovanni Testori, tout ce qui est sacré doit être profané. C’est à ce prix seul que l’amour devient possible. Dans ce deuxième monologue tiré de «Trois cris», Hérodiasse (Herodiade) est tourmentée par l’amour jamais consommé pour le prophète Jokan (Jean). «Je te rattraperai, / tête de veau noircie, / et en vomissant / sur ton corps décapité / tes restes, les os, les dents, / les nerfs et les cartilages j’entends, / entièrement / je te rong’rai», ose-t-elle au mépris de Dieu. Une fois encore, la langue électrique de l’auteur italien devient le lieu d’une eucharistie profane et théâtrale durant laquelle la voix s’incarne. Et une fois encore nous sommes saisis par la puissance de la parole, ici dépositaire d’une histoire qui est celle d’Hérodiasse mais qui nous donne aussi accès à l’imaginaire de l’interprète.
Ainsi agit le miracle de la voix, qui impulse son rythme et ses courants telluriques au récit. Pour Hérodiasse, l’oralité est une arme et chaque imprécation une balle qui traverse le temps, les certitudes et les mythes. Faites-vous cible sensible !
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